C’est ainsi que la Mairie du 7e souhaite pour cette journée, honorer leur mémoire en mettant en avant les portraits et l’histoire de celles qui ont donné leur nom aux rues de notre arrondissement. Aline Selli (@les_femmes_danslesruesde_lyon sur Instagram), illustratrice lyonnaise et engagée, redonne vie à toutes ces grandes dames à travers son trait vif et coloré. Le constat d’une invisibilisation des femmes ayant fait l’histoire ne cesse de se confirmer au fil des recherches contemporaines, ce projet a ainsi vocation à visibiliser l’apport des femmes dans l’héritage culturel de toutes et tous.
Julie-Victoire Daubié, du baccalauréat à la faculté, en passant par l'enseignement :
Julie-Victoire Daubié est née à Bains, dans les Vosges, le 26 mars 1824. À 20 ans, le 31 août 1844, elle obtient le « certificat de scolarité » qui lui permet de devenir enseignante. Elle commence donc à enseigner le français en Allemagne.
Elle va d’abord se battre pour la fin de la tutelle religieuse et politique, la gratuité et la mixité de l‘enseignement. Ces évolutions seront votées plus tard, avec Jules Ferry.
"Réclamer l'égalité d'éducation pour toutes les classes, ce n'est faire que la moitié de l'œuvre, que la moitié du nécessaire, que la moitié de ce qui est dû ; cette égalité, je la réclame, je la revendique pour les deux sexes… La difficulté, l'obstacle ici n'est pas dans la dépense, il est dans les mœurs".
Dans son essai « La Femme pauvre au XIXe siècle », elle expose la condition des femmes d’un point de vue économique, moral et politique. C’est grâce à cet écrit qu’elle obtient le premier prix du concours de l’Académie des sciences, le 21 juin 1859. Elle connaît un franc succès et cela lui permet de s’inscrire à la Faculté de Lettres de Lyon, où elle tente de passer son baccalauréat. C’est le 17 août 1861, à 37 ans, que Julie-Victoire Daubié est la première femme française à obtenir le diplôme du baccalauréat.
"Aucune loi écrite n’interdit à une femme de se présenter au baccalauréat", déclare-t-elle.
Après l’obtention de son diplôme, elle crée un bureau d’entrepreneurs de broderie blanche, dans lequel elle offre de très bonnes conditions de travail ainsi qu’une très bonne rémunération à des femmes pauvres et sans emploi. Elle donne ensuite des conférences et se lance dans le journalisme économique. Elle écrira pour l’hebdomadaire de Léon Richer « Le Droit des Femmes », lié à des personnalités progressistes et féministes (Élisa Lemonnier, Rosa Bonheur, …), mais aussi pour « La Presse » et l’hebdomadaire « l’Économiste français ».
Elle prend aussi la défense des enfants adultérins (nés au sein d’un couple adultère, donc non-marié) qui sont à cette époque privés de droits par le Code Napoléon.
À cette époque, la Sorbonne interdit aux femmes d’assister aux cours, mais celles-ci pouvaient tout de même s’inscrire aux examens. C’est ainsi qu’elle devient la première femme à obtenir sa licence de Lettres, en 1871. Sur son diplôme est précisé qu’elle est : « licencié (sans e) de lettres ». Malgré cette masculinisation exclusive des diplômes, le ministre de l’Instruction raye « au sieur » sur le diplôme de Julie-Victoire Daubié pour y inscrire « Mademoiselle » et lui adresse une lettre de félicitations.
Elle ne s’est jamais lancée dans les études sur un coup de tête et sans stratégie. En effet, son objectif était de promouvoir l’enseignement des femmes à cette époque. Après cela, elle se lancera donc naturellement dans l’étape suivante : la rédaction d’une thèse de doctorat sur la condition de la femme dans la société romaine.
Malheureusement, cette thèse restera inachevée, interrompue par le décès le 26 août 1874 de Julie-Victoire Daubié, à 50 ans, atteinte d’une tuberculose. Cependant, Hubertine Auclert, son héritière, reprendra son raisonnement et engagera en 1880 une grève des impôts pour les femmes, celles-ci n’ayant aucune voix sur l’élaboration des lois.
L’historienne Christine Bard qualifie Julie-Victoire Daubié comme la "première propagandiste de l’égalité civique" sous la IIIème République.
Beaucoup de féministes américaines et anglaises s’inspireront du combat de Julie-Victoire Daubié pour l’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur des femmes.
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