C’est ainsi que la Mairie du 7e souhaite pour cette journée, honorer leur mémoire en mettant en avant les portraits et l’histoire de celles qui ont donné leur nom aux rues de notre arrondissement. Aline Selli (@les_femmes_danslesruesde_lyon sur Instagram), illustratrice lyonnaise et engagée, redonne vie à toutes ces grandes dames à travers son trait vif et coloré. Le constat d’une invisibilisation des femmes ayant fait l’histoire ne cesse de se confirmer au fil des recherches contemporaines, ce projet a ainsi vocation à visibiliser l’apport des femmes dans l’héritage culturel de toutes et tous.
Gisèle Halimi, en quête de justice depuis son plus jeune âge :
Zeiza Gisèle Élise Taïeb est née le 27 juillet 1927 en Tunisie dans une famille de confession juive et dans une situation de grande précarité. À l’époque, mettre au monde une fille était une malédiction, ses parents ont caché sa naissance durant 3 semaines.
Enfant, Gisèle Halimi est déjà militante, un soir, alors âgée de 11 ans elle décide d’arrêter de servir ses frères à table, trouvant cela trop injuste. Elle entame donc une grève de la faim.
« Je me souviens que ce soir-là, dans un petit cahier que j'appelais mon journal, j'avais mis : 'J'ai gagné mon premier morceau de liberté'."
Ayant rassemblé un peu d’argent, Gisèle Halimi réalise son rêve de s’installer en France après son baccalauréat. Elle démarre donc des études en droit à Paris et prête son serment d’avocate en 1949, à seulement 21 ans, puis elle revient à Tunis et s’inscrit au barreau.
Elle milite ensuite pour l’indépendance de son pays, car même devenue française par le mariage, elle n’a jamais abandonné sa nationalité d’origine. Elle dénoncera les atrocités faites par l’armée française et prendra la défense du MNA (Mouvement National Algérien). Gisèle Halimi défendra plusieurs militants et militantes du FLN pendant la guerre d’Algérie, dont notamment Djamila Boupacha, une Algérienne de 22 ans accusée d’avoir posée une bombe. Elle mènera se combat avec hargne et entraînera avec elle Simone de Beauvoir. Djamila, condamnée à mort, sera finalement libérée en 1962 après les accords d’Évian qui mettent fin à la guerre. Depuis cette affaire, Gisèle Halimi est considérée comme l’ "avocate des causes difficiles".
Dans les années 70, Gisèle Halimi s’engage pour les droits des femmes en militant pour la libéralisation de l’avortement et la criminalisation du viol. Gisèle Halimi a toujours été féministe, sans que le mot ait vraiment eu un sens pour elle. Elle se voit donc faire partie des signataires du Manifeste des 343 (1971) publié dans Le Nouvel Observateur. Ce manifeste rassemble des femmes qui déclarent avoir avorté, et donc avoir violé la loi pour pouvoir disposer librement de leur corps. Le manifeste plaide pour que les femmes n’aient plus à devoir réaliser cette opération clandestinement et donc à mettre leur vie en danger.
C’est également en tant qu’avocate qu’elle fera avancer le droit à l’avortement. En 1972, Gisèle Halimi est contactée par Marie-Claire et sa mère. Marie-Claire est une jeune fille de 16 ayant avorté, avec l’aide de sa mère Ces deux femmes sont poursuivies en justice, et Gisèle Halimi, qui les défend, fait venir à Bobigny de précieux témoins comme Paul Milliez, professeur en médecine et fervent catholique. Marie-Claire sera relaxée, sa mère condamnée mais dispensée de peine.
Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir fondent la même année le mouvement Choisir la Cause des Femmes, un mouvement qui prend part à toutes les luttes féministes.
En 2013, elle est élevée au grade d’officier, puis de Commandeur de la légion d’honneur. Gisèle Halimi décède le 28 juillet 2020. Elle voulait mourir comme elle avait vécu : « les yeux ouverts »
Découvrez les rues de l'arrondissement qui ont reçu le nom d'une femme remarquable !