Commémoration
- Publié le 3 mars 2022

Bertha von Suttner

Crédit photo : Illustration Aline Selli

Depuis la décision de l’ONU en 1975, le 8 mars est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Cette année, la Ville de Lyon porte son attention sur le pouvoir des femmes dans la société, et sur l’égalité femme-homme au sein de ses différents secteurs. Aujourd’hui, des inégalités se font encore ressentir dans de nombreux domaines. Mais savez-vous que ce combat pour l’égalité est mené depuis bien longtemps, par des femmes dont le nom va peut-être vous rappeler quelque chose ? Allant de la Résistance, à l’éducation et aux savoirs ou encore dans le domaine du sport, il nous semble important de saluer les actions des femmes qui se cachent derrière ces batailles.

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C’est ainsi que la Mairie du 7e souhaite pour cette journée, honorer leur mémoire en mettant en avant les portraits et l’histoire de celles qui ont donné leur nom aux rues de notre arrondissement. Aline Selli (@les_femmes_danslesruesde_lyon sur Instagram), illustratrice lyonnaise et engagée, redonne vie à toutes ces grandes dames à travers son trait vif et coloré. Le constat d’une invisibilisation des femmes ayant fait l’histoire ne cesse de se confirmer au fil des recherches contemporaines, ce projet a ainsi vocation à visibiliser l’apport des femmes dans l’héritage culturel de toutes et tous.

 

Bertha Von Suttner, la première femme récompensée du prix Nobel :

C’est le 9 juin 1843 que Bertha Sophie Felicitas voit le jour à Prague. À la suite du décès de son père, Bertha Felicitas et sa mère rencontrent des difficultés financières. C’est pour cela qu’en 1873, Bertha Felicitas devient gouvernante chez le baron Karl von Suttner et donne des cours de langues et de musique à ses filles. Mais cette nouvelle vie prend une toute autre tournure lorsqu’elle tombe amoureuse du fils de la famille, Arthur Gundaccar von Suttner. La famille Von Suttner désapprouve totalement la relation et renvoie Bertha Felicitas. Ils la placent en tant que secrétaire privée du fameux Alfred Nobel, qu’ils connaissaient bien, mais Bertha y restera peu de temps. Elle gardera tout de même une étroite correspondance avec Alfred Nobel, jusqu’au décès de celui-ci en 1896. C’est avec lui qu’elle commence son combat pour le pacifisme.

Elle rentre à Vienne et épouse secrètement Arthur Gundaccar von Suttner le 12 juin 1876. Celui-ci est déshérité à la suite du mariage, et le couple s’en va vivre en Géorgie. Ils vont subvenir à leurs besoins en faisant des traductions et de l’écriture. À la fin de la Guerre russo-turque, Arthur Gundaccar von Suttner publie des récits de guerre dans les journaux allemands et Bertha écrit des histoires courtes et des essais pour des journaux autrichiens.

Ils rentrent à Vienne en 1885, se réconcilient avec la famille de l’époux et emménagent finalement au domaine familial.

Elle apprend quelques temps plus tard, lors d’une table ronde en compagnie du philosophe Ernest Renan, l’existence de l’International Arbitration and Peace Association, fondée par Hodgson Pratt en 1880. Elle fondera plusieurs organisations : en 1890, la « société de la paix de Venise » et la Österreichische Gesellschaft fer Friedensfreude, une société pacifiste autrichienne, dont elle est nommée présidente.

Elle est aussi élue vice-présidente du Bureau international de la paix en 1891 lors du congrès mondial pour la paix et elle fonde la Deutsche Friedensgesellschaft, association pacifiste allemande et réclame à la même période à l’empereur François-Joseph 1er la création d’un tribunal d’arbitrage international.

Arthur Gundaccar von Suttner décède le 10 décembre 1902. Après le départ de son époux, Bertha von Suttner se retrouve endettée et vend leur propriété. Elle continue d’écrire : « High Life », une œuvre relatant du respect de l’homme et de son libre arbitre. Elle décrit la guerre du point de vue d’une femme dans « Die Waffen nieder ! » (Bas les armes !).

Elle réalisera beaucoup de voyages, qui ont duré 7 mois au total, et qui lui ont permis de mener son combat à l’international. Elle sera même invitée à la Maison Blanche pour s’entretenir avec le président Theodore Roosevelt. Bertha von Suttner a constaté que le mouvement pacifiste était plus avancé ailleurs qu’en Europe, tout cela grâce à ses différentes conférences : la Conférence internationale des femmes, en juin 1904, à Berlin, où elle présente un exposé lors d’une manifestation, et elle participe aussi à plusieurs congrès de paix internationaux. Elle prend part également à la préparation de la première conférence de la Haye, où l’accent est mis sur le désarmement et la prévention de la guerre.

Le 10 décembre 1905, elle devient la première femme à obtenir le prix Nobel de la paix, créé en 1901. Cela s’est fait grâce au testament d’Alfred Nobel qu’elle a écrit. Elle a fait en sorte, dans cet ouvrage, que les premiers récipiendaires soient Henry Dunant (en 1901) pour la fondation de la Croix-Rouge (en 1863) et Frédéric Passy pour la fondation de la Société d’arbitrage des Nations (1870), future ONU.

Bertha von Suttner a aussi dans sa vie été membre de l’association autrichienne Die Flamme, pour l’incinération, et avait soutenu la construction du premier crématorium allemand à Gotha. Elle décède d’un cancer le 21 juin 1914. Elle rate donc le futur congrès international pour la paix, qui devait se tenir en automne, quelques mois plus tard. Sur son testament est inscrit qu’elle souhaite être incinérée. Ses cendres sont aujourd’hui conservées au columbarium de Gotha.

 

Découvrez les rues de l'arrondissement qui ont reçu le nom de femmes remarquables !

 

 

Le collectif Pamplemousse, association étudiante de Science Po Lyon qui œuvre en faveur de l'égalité femmes- hommes et pour plus d'inclusivité, s'est emparé du portrait de Bertha Von Suttner qui a donné son nom au quai tout proche de l'IEP, à découvrir en vidéo. 

 


 

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QUELQUES CHIFFRE

En 2020, les femmes ont représenté 23% des délégations dans les processus de paix dirigés par l’ONU

 

Au 31 décembre 2020, les femmes représentaient seulement 5,2% dans les effectifs militaires participant à des opérations de paix. L’ONU ayant fixé un objectif de 6,5%.

 

Environ 58 femmes ont été récompensées par un Prix Nobel, contre près de 900 hommes. (6%)

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ANECDOTE

Bertha von Suttner avait averti des risques de la Guerre mondiale, qui se déclenchera quelques semaines après son décès !
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Boîtes à idées
Nous vous proposons avec cette boîte à idée de soumettre des propositions de noms de femmes qui mériteraient pour leurs actions remarquables de donner leur nom à de futures rues ou places et d'être (re)découverte par les habitantes et habitants de l'arrondissement.