Sport
- Publié le 17 septembre 2018

Tony Bertrand, sportif et visionnaire

Infatigable promoteur du sport et de Lyon, Tony Bertrand s’est éteint le 29 juin dernier, à quelques semaines de son 106e anniversaire. Retour sur le parcours de celui qui a doté la ville d’une grande partie des infrastructures sportives toujours utilisées aujourd’hui.

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Le palais des Sports et la plaine des Jeux de Gerland ? C’est lui. Les patinoires Charlemagne et Baraban ? C’est encore lui. Les piscines de Vaise et du Rhône ? C’est lui, aussi. Si l’on mesure l’importance d’un homme à l’aune de ce qu’il transmet, l’œuvre réalisée par Tony Bertrand en tant qu’Adjoint aux Sports suffit à le placer parmi les “grands” Lyonnais du XXe siècle.

Pourtant, alors qu’Antonin - son vrai prénom- Bertrand a disparu le 29 juin dernier, la richesse de son parcours et de ses engagements lui confère un statut qui dépasse le cadre sportif. L’enfant de la Guill’ a 9 ans lorsqu’il s’initie au sport au sein du patronage local. Puis, c’est au LOU, son club de toujours et alors omnisports, qu’il développe ses exceptionnelles capacités physiques : basket, gym, athlétisme, puis, bientôt, le ski. En plus d’être un compétiteur, il passe ses brevets d’entraîneur, ce qui lui permet de diriger l’équipe de France d’athlétisme aux JO de 1948, 1952 et 1956. À cet accomplissement sportif succèdent rapidement de nouvelles responsabilités. Il est chargé d’organiser les jeux méditerranéens de 1959, les jeux de l’amitié en 1961 à Abidjan et en 1963 à Dakar, puis ceux du Pacifique en 1966.

Initiateur

Son engagement permanent en faveur des autres, qu’il traduisit pendant l’Occupation en intégrant le réseau Sport libre de son ami Tola Vologe, trouve une nouvelle expression lorsqu’il rejoint le conseil municipal en 1959 et devient adjoint aux Sports.

Jusqu’en 1977, il initie puis dirige l’Office municipal des sports et lance un vaste plan de modernisation des installations (voir plus haut) dont profitent encore aujourd’hui les Lyonnaises et les Lyonnais. Il n’hésite pas à voir grand : il crée également la piste de ski artificielle de la Sarra et se voit confier la candidature de Lyon à l’organisation des JO d’été de 1968. C’est finalement Mexico qui emporte la mise, un regret pour celui qui avouera avoir fait preuve de trop d’honnêteté dans sa démarche... Cependant, le dossier permet de doter Lyon de nouveaux équipements comme la piscine du Rhône, dont les coiffes des mâts font référence aux anneaux olympiques.

Tony Bertrand était un visionnaire soucieux de l’intérêt général. Il était donc très normal que, de son vivant, il en soit remercié. Le 23 septembre 2015, fraîchement rénovée, la piscine du Rhône devenait le “Centre nautique Tony Bertrand” en présence de son initiateur. «Il avait les larmes aux yeux lorsque nous lui avons soumis l’idée, se souvient Yann Cucherat, aujourd’hui Adjoint aux Sports. Il savait que son nom continuerait ainsi à exister après sa mort. À titre personnel, c’est une des plus belles rencontres de mon mandat… Il était d’une grande disponibilité, avait une mémoire exhaustive du sport lyonnais. J’essayais de boire ses paroles, car nous sommes tous les héritiers de ce qu’il a pu faire.»