Patrimoine
- Publié le 19 février 2021

La féminisation des noms de rues se poursuit à Lyon

Crédit photo : E.Chabasseur

Aujourd’hui, en France, seulement 6% des rues portent un nom de femme. A Lyon, ce chiffre s’élève à 11 % et le nouvel exécutif souhaite accélérer le processus, comme en témoigne le vote au dernier conseil municipal du 28 janvier des rues au nom des résistantes Denise Vernay et Elise Rivet.
Retour sur le parcours exceptionnel de quelques-unes de ces femmes, d’ici ou d’ailleurs.

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Denise Vernay-Jacob (1924-2013, décédée à Paris)
Adolescente pendant la guerre, la jeune Denise Jacob s’engage dans la résistance au lycée, à Nice. Son investissement s’intensifie lorsque sa famille est déportée. Elle se fait alors appeler Miarka et devient agent de liaison du mouvement Franc-tireur à Lyon, puis à Annecy sous le pseudonyme d’Annie. En 1944, elle est arrêtée par les Allemands entre Bourgoin et la Tour-du-pin alors qu’elle transporte du matériel clandestin. Torturée, déportée, elle est finalement libérée à la fin de la guerre. Elle n’a jamais livré de noms. Elle reconstruisit ensuite sa vie dans la discrétion et contribua à la Fondation de la Mémoire de la Déportation. Ses deux sœurs sortiront vivantes des camps. L’une d’elle s’appelait Simone, connue par la suite sous son nom d’épouse : Simone Veil.

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Frida Kahlo (1907-1954, Villa Coyoacán, Mexique)
Femme forte, artiste totale et libre dans une société largement patriarcale, elle a largement contribué à l’émancipation des femmes par son art et son engagement politique. Dès 1926, à 19 ans, elle pose habillée en costume lors d’une photo de famille, brouillant les stéréotypes du genre et affirmant sa singularité. Mariée à Diego Rivera, peintre célèbre, elle réussit à exister artistiquement, en fascinant la première moitié du XXè siècle grâce à sa vision si particulière du monde et son aura magnétique. Plus de soixante ans après sa mort, elle reste une icône pour les créateurs du monde entier dans les domaines des arts visuels et de la mode.

La rue Frida Kahlo commence avenue Mermoz, au niveau de l'arrêt de tramway Mermoz-Moselle.

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Oum Kalthoum (1898-1975, décédée au Caire, Egypte)
Née dans un village au nord de l’Egypte, la petite Oum accompagne son père imam en psalmodiant le Coran, habillée en garçon. Au début du XXè siècle dans le monde arabe, il est en effet impensable qu’une fille puisse chanter. Mais arrivée en ville, elle se fait connaître dans les années 20 grâce à la radio et au cinéma égyptien en plein essor. Véritable diva, elle s’entoure des meilleurs poètes, compositeurs et musiciens. Sa voix, son tempérament et ses talents d’improvisation rendent son interprétation unique. Célèbre dans le monde entier, proche du pouvoir politique, elle est surnommée en Egypte « la mère du peuple » et partout ailleurs « l’Astre de l’Orient ».

La Rue Oum Kalthoum est une voie nouvelle, entre la rue de Gerland et la future allée Christine Pascal.

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Suzanne Noël (1878-1954, décédée à Paris)
Passionnée par la taxidermie et la chirurgie esthétique, elle répare les « gueules cassées » de la première guerre mondiale, modifie l’apparence de résistants ou de Juifs recherchés pendant la seconde guerre. Mais Suzanne Noël a aussi une approche pragmatique de la chirurgie esthétique. Elle considère la beauté comme un atout social, sans quoi il est difficile de s’intégrer ou d’exercer son métier. Mobilisée pour le droit de vote des femmes et celui de disposer de leurs corps, elle voyage dans le monde entier et crée des réseaux de solidarité féminins, les « Clubs Soroptimists ».

La Place Suzanne Noël se trouve à l'angle de l'avenue Jean Jaurès et de la rue des Girondins.

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Marie-Louise Rochebillard (1860-1936, décédée à Lyon)
La jeunesse de Marie-Louise Rochebillard est marquée par la faillite de sa famille. A 16 ans, elle doit travailler et découvre la condition ouvrière des femmes. En 1899, elle crée les deux premiers syndicats féminins français : celui des employées du commerce et ouvrières de l’aiguille, puis des ouvrières de la soie. Leur modèle fera date. Non-mixtes de genre et de classe sociale, - sans hommes, ni patronnes- ils s’articuleront entre des temps de détente, de réflexion et de formation. Marie-Louise Rochebillard participera également à la création de la confédération française des travailleurs chrétiens.

Une plaque commémore ses actions au 13 de la rue Sainte-Catherine et une allée porte son nom dans le quartier des Confluences.

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